« Tu y crois encore, toi papa, à ces histoires-là ? Explique-moi alors pourquoi la bible dit qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qu’un seul vrai Dieu. Cette réaction illustre bien le malaise autour de la Trinité. La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Bien sûr, chaque fois que Jésus est appelé Fils de Dieu, c’est le Père qui est évoqué par le mot Dieu. Jésus prie le Père ; il accomplit l’œuvre du Père, il est la Parole du Père. Quant à l’Esprit, on ne sait pas trop quoi en faire et on le réserve aux manifestations spectaculaires de Dieu, aux dons et aux fruits de l’Esprit. Jésus n’a jamais dit que « trois égalait un ». Il n’a donné aucune « leçon » sur la Trinité, n’a même jamais prononcé ce mot. Il a tout simplement vécu comme un Fils, il a fait l’expérience de l’amour du Père.
Dès que nous parlons de Sainte Trinité, nous entendons « mystère », c’est-à-dire quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre. Nous sommes victimes du même mal qui nous fait perdre bien de l’intensité pour des détails de la liturgie. Sans comprendre le pourquoi, certaines célébrations sont machinales et routinières. Sans comprendre la Trinité, comment répondre à « Tu y crois encore, toi papa, à ces histoires-là ? »
Le mot « Trinité » est un mot qui s’efforce de rendre compte le mieux possible de l’enseignement de l’Écriture concernant Dieu et la relation qui existe entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est difficile à expliquer car il y a les limites de notre langage humain pour parler de choses qui échappent à notre compréhension. Plusieurs images ont été utilisées pour illustrer la Trinité et les relations qui existent entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et comment ces trois personnes distinctes forment un seul et même Dieu. Il y a l’image du trèfle à trois feuilles. Il y a trois bouts de bois rassemblés qui brûlent d’un même feu. Mais c’est avec l’image de la famille, que nous nous retrouvons peut-être au cœur de la révélation de Dieu : Dieu est Amour. Tous, nous faisons partie d’une famille, c’est ce qui nous fait vivre. Notre Dieu est comme une famille, une unité de personnes, le lieu pour semer et faire croître notre capacité d’aimer et d’être aimé. Le don de la foi à la base de notre pratique religieuse n’est pas viable sans une certaine forme de famille qui s’appelle communauté. La foi, pour bien se porter, demande à se vivre à plusieurs dans une communauté assemblée et vivante.
Quand nos relations humaines sont vraiment faites d’amour, Dieu est bel et bien là, il est présent ! Le rôle de l’Esprit est précisément de nous parler de Jésus, de nous enseigner Jésus, et de nous renvoyer à lui. Dieu est unique mais il n’est pas solitaire, c’est un Dieu de communion, un Dieu de relation, un Dieu qui est éternellement amour, car éternellement le Père aime le Fils et le Fils aime le Père, dans la communion du Saint-Esprit.
« Tu y crois encore, toi papa, à ces histoires-là ? » Oui j’y crois mes enfants. La paternité ou la maternité va au-delà de l’instinct de survie, c’est l’amour qui nous habite, comme le royaume de Dieu qui est en chacun de nous. À chacun de nous de le découvrir.
P. Modeste MEGNANOU
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