Celui qui marche sous la conduite de l’Esprit ne demeure pas constamment dans le même état et ne progresse pas toujours avec la même aisance. Le cheminement de l’homme ne lui appartient pas, mais dépend de l’initiative de l’Esprit, son maître, qui lui donne à son gré d’oublier ce qui est en arrière et d’aller de l’avant, tantôt avec lenteur, tantôt avec élan.
Je pense que, si vous y prêtez attention, votre expérience intérieure confirmera ce que je viens d’exprimer. Si tu te sens atteint de torpeur, de chagrin ou de dégoût, ne perds pas confiance pour autant et n’abandonne pas ton projet de vie spirituelle. Cherche plutôt la main de celui qui est ton secours. Implore-le de t’entraîner à sa suite (cf. Ct 1,4) jusqu’à ce que, attiré par la grâce, tu retrouves la rapidité et l’allégresse de ta course. Alors tu pourras dire : « J’ai couru dans la voie de tes commandements : tu as dilaté mon cœur » (Ps 118,32). Lorsque tu es comblé, ne dis pas : « Rien jamais ne m’ébranlera », afin de n’avoir pas à dire en gémissant la suite du psaume : « Tu as détourné de moi ton visage, et je me suis effondré (Ps 29,7-8). Tu auras plutôt soin, si tu es sage, de suivre le conseil de la Sagesse. Au jour de malheur, tu n’oublieras pas le bonheur, et dans le réconfort tu n’oublieras pas les moments d’infortune (cf. Si 11,27). Ainsi l’espoir ne te manquera pas au temps du malheur, ni la prévoyance au jour du bonheur.
Au milieu des réussites et des échecs de ces temps instables, tu garderas, comme l’image de l’éternité, une solide égalité d’âme. Tu béniras le Seigneur en tout temps et ainsi, au cœur d’un monde vacillant, tu trouveras la paix, une paix pour ainsi dire inébranlable ; tu commenceras de te renouveler et de te réformer à l’image et à la ressemblance d’un Dieu dont la sérénité demeure éternellement.
Saint Bernard (1091-1153)
moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 21 sur le Cantique, 4-6 (in “Lectures chrétiennes pour notre temps”, fiche D17)
Lu pour vous, Anatole DEDEGBE
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