Prier sans se décourager…
« Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager. »
Romano GUARDINI, dans un livre qui date maintenant, mais qui reste un grand classique, écrivait : « On entend souvent dire que la prière authentique ne dépend ni d’un vouloir ni d’un ordre, mais qu’elle doit jaillir spontanément de l’intérieur de l’âme, comme le fleuve de sa source. Si ce n’est pas le cas, si le cœur ne s’y porte pas, on devrait s’en abstenir, sous peine de tomber dans l’inauthentique et l’artificiel. A première vue cela paraît très convaincant ; mais quand on connaît mieux l’homme et sa vie religieuse, on ne peut se défendre du soupçon que celui qui parle ainsi pourrait bien n’avoir jamais eu sérieusement affaire à la prière. Sans doute, il y a des prières qui sortent spontanément de l’âme…. Mais la prière qui jaillit d’une impulsion intérieure paraît, dans l’ensemble, être presque l’exception. Qui voudrait édifier sur elle seule sa vie religieuse en viendrait vraisemblablement à ne plus prier. Il ressemblerait à un homme qui voudrait s’en remettre complètement à l’intuition et à l’inspiration, et à laisser de côté l’ordre, la discipline, le travail. » (Initiation à la prière)
Prier Dieu sans se décourager, qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu aurait-il besoin qu’on lui répète les choses, qu’on le supplie à maintes reprises ? Certainement pas.
La persévérance est importante car elle est le signe de notre fidélité et de notre confiance. Il ne s’agit pas de prier jusqu’à ce qu’on soit exaucé. Il s’agit tout simplement de prier sans cesse, comme expression de notre confiance et de notre amour.
Entre prier “jusqu’à“ et prier “sans cesse“, il y a plus qu’une nuance : ce n’est pas une question de durée, c’est une question de proximité. On prie sans cesse comme on aime sans cesse. La persévérance dans la prière n’a pas comme objectif d’obtenir quelque chose, mais de signifier un amour qui ne se dément pas.
Comme Moïse devait tenir les bras levés vers Dieu pendant que son peuple combattait dans la plaine, de même nous devons persévérer dans la prière, même si la fatigue ou le découragement nous guette. Car si, comme lui parfois, il nous arrive de voir l’effet produit par notre persévérance, il se peut aussi que nous soyons tentés de baisser les bras devant cette impression de vide, comme beaucoup de grands saints ont avoué l’avoir expérimenté (Thérèse d’Avila, St Jean de La Croix, Thérèse de Lisieux, et plus récemment Mère Theresa).
Et si Moïse a eu besoin d’Aaron et de Nour pour soutenir ses bras levés, nous avons besoin de la foi et de la générosité des autres pour soutenir notre cri vers le Seigneur. C’est ce que nous expérimentons chaque dimanche en nous épaulant les uns les autres pour prier sans se décourager, en communion avec le Christ.
Père Luc de Saint-Basile
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