Dans le passage de l’Apocalypse, saint Jean nous présente deux images de l’Église : « elle est une Cité, Jérusalem » et « elle est l’Épouse qui vit de l’amour de Jésus ». Une Cité, c’est des frères et des sœurs réunis qui vivent d’un amour mutuel. Jésus nous l’a dit dans l’évangile, c’est le commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés », alors l’amour rejaillit de notre cœur vers celui de nos frères et sœurs. L’Église est comme un ciel nouveau, un monde nouveau car Jésus dit aussi dans l’évangile : « Voici que Je fais toutes choses nouvelles, l’univers nouveau ». Nous sommes renouvelés de l’intérieur par cette nouveauté qui est la caractéristique même de Dieu. Dieu est toujours neuf. C’est bien le même monde, mais ce monde est devenu neuf ; il a été restauré, renouvelé.
Les paroles de Jésus prononcées au cours de son dernier repas avec ses disciples sont lourdes de sens et de conséquences. Ce sont des paroles d’adieux qui sont devenues un testament spirituel. Le legs d’un commandement qui le continue et qui rend encore efficaces sa vie et ses gestes de salut. « Comme je vous ai aimés », est certainement la phrase la plus connue de tous les évangiles. Demandez à n’importe qui, ce qu’il a retenu des évangiles, il vous répondra : « Aimez-vous les uns les autres. » Trop souvent malheureusement, il n’ira pas plus loin. Il dira : « Aimez-vous les uns les autres » comme nous disons machinalement : « Comment ça va ». Se pourrait-il que notre formule tirée de l’évangile soit devenue phrase passe-partout que nous savons par cœur, mais qui n’a pas d’impact dans la vie de tous les jours ? Lorsque Jésus a dit : « Aimez-vous les uns les autres », il a tout de suite ajouté : « Comme je vous ai aimés. » Ça fait toute la différence.
C’est avoir les attitudes d’une vie partagée au quotidien, d’une vie axée vers la libération, pour le bonheur des autres. C’est une manière d’agir qui dépasse notre propre intérêt, qui fait entrer l’intérêt de l’autre dans nos propres objectifs. C’est un don qui n’est pas refus ou destruction de soi, mais qui est partage. Aimer comme il a aimé, et ainsi continuer sa présence, être sa présence au-delà des signes de l’absence, en ce monde.
Jésus, pas plus que son Père, ne se manifeste d’abord aux sages et aux savants, mais aux petits et aux humbles. Paul et Barnabé, revenus de leur première mission, racontent aux fidèles de Syrie comment Dieu a ouvert aux nations païennes la porte de la foi. C’était une nouveauté. Ce récit nous montre avec quelle ardeur Paul annonça l’Évangile aux nations païennes. L’Église cherche aujourd’hui encore des chemins nouveaux pour faire connaître Jésus. Participons à ses efforts. Il ne s’agit pas de connaître par cœur, il s’agit plutôt de connaître par le cœur. Il s’agit d’aimer. Aimez-vous les uns les autres. Si déjà nous nous efforcions d’essuyer toute larme des yeux les uns des autres ? Ce serait peut-être le moyen de faire vivre la consigne de Jésus : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres !
P. Modeste MEGNANOU
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