Les arbres dans la mer…
Jésus vient de donner à ses disciples des consignes exigeantes sur la nécessité du partage et du pardon pour être témoins de l’Evangile. Dépassés par la charge qui leur incombe, les apôtres alors l’implorent en lui demandant : « Augmente en nous la foi. »
Sans répondre directement à leur demande, Jésus va parler de la graine de moutarde qui, en Palestine, représente la plus petite de toutes le graines, et du sycomore qui est le type même de l’arbre indéracinable ; les autres évangélistes parlent eux d’une montagne à déplacer : “La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au sycomore que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer » ; il vous obéirait. “
Puis suit l’histoire du « serviteur inutile » : « Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous ; “Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir. “
Que comprendre à tout cela ?
Trop souvent nous confondons la foi avec la force de conviction, comme si c’était un capital personnel que l’on pouvait faire croître, ou … perdre.
La foi est d’un tout autre ordre : c’est d’abord la confiance que l’on fait à Dieu, et dans sa puissance d’amour infinie qu’il peut déployer en nous. Cette confiance nous permet de surmonter nos peurs et prendre des risques. Ce qui paraissait impossible devient alors possible.
Et Jésus rappelle à ses apôtres qu’ils ne sont que les humbles serviteurs d’un projet qui les dépasse. Ce n’est pas pour déprécier le travail apostolique qu’ils déploient, ni dénigrer leurs efforts pour mettre leur vie en accord avec l’évangile. Jésus rappelle qu’avec Dieu on n’est jamais dans l’ordre du mérite et du droit, mais dans celui de l’amour et de la gratuité. On peut mériter la reconnaissance de quelqu’un, pas l’amour. Et l’amour de Dieu en nous peut aller jusqu’à déplacer des arbres dans la mer.
C’est précisément ce qu’expérimentaient les apôtres au moment où Saint Luc écrit son évangile : ainsi ces simples pécheurs du lac de Galilée pouvaient déjà contempler la puissance de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ qui, à travers leur pauvre prédication, s’était répandue sur tout le pourtour du bassin méditerranéen.
Une citation du poète indien Rabindranath Tagore convient bien au sens du service dont parle Jésus : “Je dormais et rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillais et je vis que la vie n’était que service. Je servis et je compris que le service était la joie. “
Père Luc de Saint-Basile
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