Des histoires d’intendants qui dilapident les biens de leurs maîtres, nous en écoutons souvent : des affaires de documents falsifiés, de détournement de fonds, d’usage de faux, de factures falsifiées, de corruption ingénieuse défraient la chronique. Sur ce plan les hommes n’ont pas beaucoup changé. Ce qui, par contre, surprend dans la parabole de l’évangile de ce dimanche, c’est la conclusion que Jésus en tire, car au lieu de blâmer l’escroquerie de cet intendant malhonnête, il le donne en modèle à ses disciples.
Comprenons bien : ce n’est pas de la corruption que Jésus fait l’éloge, mais plutôt la sagacité avec laquelle l’intendant agit, même dans une circonstance difficile. En effet, le voilà désormais sans travail, puisque son maître, le licencie. Et afin d’assurer son avenir, l’ancien gérant cherche à se faire des amis parmi les anciens clients de son patron.
L’Évangile dit qu’il est « habile » ; en fait, le grec n’hésite pas à employer le terme « sage » : Jésus évoque la sagesse de cet homme. Qu’y a-t-il dans sa démarche qui puisse être empreint de sagesse et à quoi Jésus a pu être sensible ? Il y a bien une raison… En considérant de plus près l’agir du gérant et la manière dont il se tire d’affaire, on voit qu’il se préoccupe de son avenir sur cette terre et fais preuve d’ingéniosité pour l’assurer. En quoi les fils de la lumière, que nous sommes, font-ils preuve d’ingéniosité ou d’habileté pour entretenir et assurer la vie céleste, la communion parfaite de vie avec Dieu ?
Aussi, la technique de cet intendant consiste à effacer des dettes : à qui cent barils d’huile, cinquante ; à qui cent sacs de blé, quatre-vingts.
En effet, le vocabulaire du débiteur et de la dette pardonnée est bien présent dans l’Évangile de Luc. On le trouve aussi au chapitre 7, 41-50. Le vocabulaire est employé dans l’évangile pour exprimer le pardon des péchés. Bien entendu, le mauvais gérant ne fait que pardonner des dettes matérielles. Mais, à travers cette petite histoire, Jésus semble percevoir quelque chose de sa mission à lui. Ce mauvais gérant, aussi malhonnête soit-il, semble rappeler à Jésus quelle est la raison de sa venue parmi les hommes ainsi que le sens du sacrifice suprême qu’il accomplira à la fin de sa vie en offrant son corps et son sang sur la croix pour payer la dette de l’humanité pécheresse. En effet, le pardon des péchés, l’effacement de la dette qui séparait l’humanité du Père, voilà ce que Jésus est venu réparer.
P. Anatole DEDEGBE
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